Ou pourquoi il n'est pas si simple de se libérer seul(e) d'une peur ou d'une phobie?
"Vas-y, ce n'est rien!" "Allez, quand on veut, on peut!" ou "C'est dans la tête!"
Qui n'a pas déjà entendu ce genre de petite phrase de la part d'un proche qui pense bien faire et qui ne comprend pas nos peurs?
Si c'était si simple de surmonter une peur ou une phobie, personne n'en aurait! C'est vrai ça, qui souhaiterait vivre avec la peur au ventre alors que c'est facile de s'en défaire?
Le mécanisme de la peur est complexe et profondément ancré en chacun de nous.
Une partie relève de nos automatismes primaires et l'autre est la conséquence de nos expériences, de nos mémoires, voire même de nos mémoires cellulaires. C'est pour cela que nous ne sommes pas tous égaux devant les peurs.
Certains ne peuvent pas croiser un chien sans changer de trottoir, d'autres ont une peur bleue de l'eau, ou encore de prendre l'avion (ca c'est moi, mais j'ai progressé depuis!)... alors que d'autres encore adoreront tout cela.
Si les peurs diffèrent, le mode de fonctionnement lui est identique.
La première chose à faire, pour surmonter une peur ou une phobie, c'est déjà de comprendre ce qui se passe et comment nous fonctionnons.
Un peu de théorie pour commencer (mais juste un peu!)
Notre cerveau et notre corps sont des "mécanismes" extraordinaires dont nous n'avons pas encore percé tous les secrets. Cependant, les neurosciences ont permis de mettre à jour un certain nombre de modes de fonctionnement qui sont tout à fait fascinants.
Concentrons nous aujourd'hui sur le mécanisme de la peur (en version très simplifiée, pardon par avance pour les spécialistes!).
Pour bien comprendre ce qu'il se passe quand nous faisons face à un danger (réel ou imaginaire), revenons quelques instants sur la structure de notre cerveau.
On lui reconnait trois zones principales, reliées à l'évolution de la race humaine:

le cerveau reptilien, le plus petit, à l'arrière de la tête, est le plus ancien. Il est le siège de notre survie. C'est en quelque sorte notre pilote automatiques qui gère les programmes de bases de nos automatismes (le respiration, la marche, l'équilibre, l'alimentation...). C'est là que se situe notre système d'alarme face à la peur.
Le cerveau limbique, situé juste autour du cerveau reptilien, est le siège de nos émotions. Il enregistre notamment nos expériences de vie pour nous pousser à reproduire les comportements agréables et, au contraire, à éviter de reproduire les expériences désagréables.
Le Néo-cortex, qui recouvre l'ensemble et va du front à l'arrière de la tête, est lui le siège du langage, de la logique et du raisonnement.
Ces trois "étages" de notre cerveau fonctionnent très bien ensemble la plupart du temps, mais nous avons conservé en nous les traces de notre instinct de survie.
Que se passe-t-il quand on a peur?

Même s'il y a peu de risque que nous tombions nez à nez avec un mammouth ou un T-Rex en sortant de chez nous, nous percevons tout de même des dangers qui activent notre alarme interne.
Si une voiture (le T-Rex des temps modernes!) arrive à toute allure sur moi... qu'est ce que je fais?
si je prend le temps de réfléchir, d'activer ma logique et mon raisonnement, de me demander quelles sont les options qui s'offrent à moi... OUPS!! Trop Tard...
Idem si je réalise ce qui se passe, puis ah, mon dieu j'ai peur, que faire?... OUPS!! encore trop tard...
Seule possibilité: notre corps réagit de manière automatique grâce à notre cerveau reptilien, et plus particulièrement grâce à une toute petite partie appelée l'amygdale.
Que se passe-t-il alors dans notre corps lorsque cette tour de contrôle détecte un danger?
C'est comme si elle prenait le contrôle des opérations en court-circuitant tout ce qui était en train de se passer par ailleurs. Elle mobilise toutes les ressources du corps pour lui permettre de se défendre.
L'amygdale secrète des hormones, et notamment l'adrénaline, face à la peur. C'est ce qui va permettre de mobiliser tout le corps. Et c'est là que je trouve extraordinaire tout ce qui se passe en nous, sans que nous en ayons même la conscience.
Devant un danger, nous avons déjà tous ressenti des réactions corporelles, pas toujours agréables, mais non maitrisées. Et bien tout ce qui se passe à un but très précis, lié à notre survie. Rien n'est là par hasard.
Ainsi:
la respiration s'accèlere pour permettre une meilleure oxygénation, nécessaire à une activité musculaire soutenue.
le rythme cardiaque augmente, presque au point d'en avoir des palpitations, pour permettre au sang d'apporter plus d'oxygène aux muscles en préparation à l'action.
ce qu'on appelle parfois des "sueurs froides" correspond au sang qui se retire des petits vaisseaux superficiels de la peau pour se concentrer vers les muscles qui en auront le plus besoin.
les muscles, forts de tout cet afflux de sang, se contractent pour être prêts à réagir
les pupilles se dilatent pour nous permettre d'améliorer la vision.
Tout a donc un but très précis dans ce que nous ressentons face à un danger.
Et tout ceci se passe en quelques secondes à peine, parfois même avant que nous ayons pris conscience du danger.
Cette mobilisation de toutes les ressources du corps dans le seul but de survivre explique notamment la force surhumaine que certaines personnes ont été capable de faire preuve dans un accident pour se sauver ou sauver leurs proches.
A quoi ca sert?
Toutes ces réactions physiologiques ont pour but de préparer notre corps à réagir. Et nos réactions sont elles aussi inscrites dans notre instinct de survie.
On identifie trois types de réactions:
la fuite: devant un danger trop gros, si c'est possible, naturellement, nous fuyons; tout comme un animal prend la fuite devant un prédateur.
le combat: si la fuite n'est pas possible (ou si notre ego nous laisse à penser que ce n'est pas la bonne façon de faire parce que la fuite serait vu comme un échec), alors ca sera le combat. Dans ce cas, au lieu de se concentrer dans les muscles des jambes pour fuir, le sang va se concentrer dans le haut du corps pour "griffer et mordre".
La sidération: si rien de tout cela n'est possible, alors il y a un état de sidération ou d'inhibition. Dans ce cas, notre corps se fige. Il ne se passe plus rien, comme un signe de soumission ou même de mort apparente pour dissuader l'ennemi.
Pour résumer, devant un danger notre cerveau reptilien prend le contrôle des opérations, court-circuite tout ce qui était en court, secrète des hormones, et notamment l'adrénaline, qui prépare notre corps à la fuite, au combat ou à la sidération.
Pourquoi la mécanique se dérègle parfois?
A force de vivre des situations de stress plus ou moins forte, notre cerveau les interprète comme s'il s'agissait d'un danger de mort et déclenche toutes les réactions dont nous venons de parler. Or il ne s'agit plus de réel danger vital. Parfois simplement des dangers du quotidien, voire même simplement des pensées que nous avons de quelque chose qui pourrait être dangereux, suffisent à mettre notre corps en tension.

Tout se passe comme si notre détecteur de danger était déréglé. Il se déclenche à des niveaux bien trop bas, or nous ne contrôlons pas ce niveau de déclenchement de manière volontaire. C'est ce qui est à l'origine de certaines peurs, phobies ou angoisses ou même crise de panique.
Un traumatisme peut également être à l'origine de ce dérèglement. Devant un évènement violent, le cerveau n'a pas su comment réagir et au moindre signal, il déclenche l'alarme.
Vous l'aurez compris, ce n'est donc pas avec un "vas y, c'est rien!" que la peur va disparaitre. Il faut réapprendre à mettre le curseur au bon niveau d'alerte. Et ces peurs qui se sont ancrées au plus profond de nous ne pourrons se dénouer qu'au fond de nous, dans notre inconscient. C'est pour cela que l'hypnose est un moyen très efficace d'aller modifier les croyances et les comportements liés aux peurs.
Il y a plusieurs axes de travail à mettre en oeuvre:
d'abord comprendre ce qui se joue, tel que vous venez de le lire
identifier de manière précise la peur, ses origines si elles sont connues, pour mieux la cibler, la rationaliser et ainsi rassurer notre cerveau logique et émotionnel. C'est ce que nous faisons dans la phase d'entretien lors de la première séance.
expérimenter de manière très progressive des situations qui vont permettre de rassurer le cerveau sur le fait qu'il n'y a pas de danger réel pour sortir de la stratégie d'évitement qui maintient, voire fait grandir la peur (souvenez vous, nous reproduisons ce qui est agréable et évitons le désagréable)
travailler avec l'insconscient pour rassurer et modifier notre pilote automatique.
En conclusion, la bonne nouvelle, c'est qu'il est possible de vaincre des peurs, des phobies, des angoisses ou même des crises de panique avec un accompagnement adapté et progressif.
Pour se libérer de peurs, de phobies ou d'angoisses, l'hypnose et le RITMO (méthode proche de l'EMDR, basée sur le retraitement des mouvements oculaires) que j'utilise dans mon accompagnement se révèlent particulièrement efficaces. C'est un véritable travail sur soi à faire, qui prend de une à quelques séances selon les besoins et qui permet de retrouver une liberté émotionnelle.
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